YANG Yi

Afin d’étudier les œuvres de Yang Yi, on pourrait parler de répétitions, de superpositions de papiers ou d’apposition d’huile sur des toiles. On manquerait pourtant dès lors la dimension métaphysique de ses peintures dénotant un questionnement profond sur l’être et la manière dont celui-ci se laisse traverser par un coup de vent, une inspiration, le temps… Une nostalgie émane de ses peintures. "Reviendront-ils les moments passés ?" Le titre de sa dernière exposition résonne avec les architectures ou les paysages vus au travers d’un voile. Cet aspect fantomatique se retrouve sur la quasi-totalité des œuvres de Yang Yi; il semblerait qu’il matérialise la séparation de l’artiste avec son environnement… et le passé. Les fenêtres, voire les grilles, abondent d’ailleurs. On y sent l’envie contrariée de se connecter avec des humains ou des plantes par-delà la séparation de vitre où se reflètent souvent des voitures. Le mouvement est ainsi toujours multiple, entre attraction, répulsion et impossibilité. Une même tristesse teintée d’onirisme découle de ses toiles où l’eau englobe les corps jusqu’à empêcher d’en distinguer les contours précis. On sent dans ces œuvres, et à la suite d’Emanuele Coccia, la manière dont les vivants sont immergés dans leur réel, leur atmosphère, leurs images. La série "Entre chiens et loups" témoigne d’ailleurs, dans sa façon de rendre la luminosité noctambule où les néons colorés se mélangent à la nuit, de la co-création de la lumière, forcément située par-delà nature et culture.

———— Charlotte Cosson & Emmanuelle Luciani